Depuis quelques semaines, de nombreux habitants avaient rejoint Azuria – la capitale de la République du Corail. Partout, des plongeurs et des grues s’activaient dans la chaleur de l’eau tropicale pour construire de nouvelles cités. Curieux, des poissons multicolores venaient souvent voir l’évolution des travaux. Ils savaient que chaque construction corallienne était conçue dans le respect de la Nature ; les prêtres y veillaient jalousement.
Soudain, les poissons disparurent en un clin d’œil, se cachant comme ils pouvaient à l’abri de la barrière corallienne, sous un rocher, voire même dans le refuge d’une murène – le danger devait être grand …
Un nuage de milliers de points noirs obscurcissait l’horizon aquatique, l’armée corallienne était à la manœuvre et se fondit bientôt avec le corail, parée à toute éventualité. L’armée corallienne et les habitants de la vie sous-marine virent bientôt des boules noires hérissées de piquants foncer sur eux. Dès qu’ils touchaient un obstacle, ils explosaient dans un bruit sourd, amplifié par l’eau. Ils frappaient au hasard, tuant aussi bien des poissons, des soldats, des vaisseaux. Derrière la barrière de corail, certains vaisseaux coralliens parvinrent à lancer quelques torpilles sur les drones avant qu’ils accomplissent leur œuvre de destruction. Mais l’ossature calcaire du corail se troua en de multiples endroits formant des brèches béantes où s’engouffrèrent des kamikazes toujours plus nombreux.
Les prêtres perçurent même les cris du corail tué lors du combat.
La flotte corallienne fut bientôt submergée. Malgré le courage des marins, de nombreux vaisseaux furent détruits.
Le kaléidoscope des couleurs chatoyantes du soleil sur la faune marine avait laissé la place au rouge sang, celui des coralliens morts en défendant leur capitale. Les survivants d’Azuria virent avec effroi les monstres marins vivant à la surface se repaître du reste de leurs compagnons.
Au sol, des carcasses de navires jonchaient le fond marin au milieu du corail écartelé.
Valandrys avait envoyé 50 000 drones dans un seul but : détruire.
Les chefs comme la population ne comprenaient pas la raison d’un tel acte.
Tandis que les coralliens pleuraient leurs morts et la perte de « leur » corail, les prêtres ruminaient ; ils étaient les gardiens de la vie sous-marine. Le peuple corallien vénérait la Nature et vivait en harmonie avec elle ; la perte de la faune et de la flore sous-marine était aussi grave que celles des habitants.
Ils savaient admirer le soleil couchant sur la barrière de corail, mais aussi la force du dugong, la vague déferlante d’un tsunami. La Nature a toujours le dernier mot … et triompherait donc forcément de la technologie, si puissante soit-elle, c’était juste une question de temps …
Rhonwyn, ministre de la guerre de la République du Corail.
Azuria, secouée mais toujours debout.